
La longue histoire des fours à chaux
Bénéficiant d’un gisement calcaire très pur, le pays de Montmartin possède depuis des siècles de nombreux fours à chaux. Selon Marcel Cauvin, auteur de Montmartin-sur-mer et sa foire médiévale, « la fabrication de la chaux à Montmartin, Orval et Montchaton date des temps les plus reculés, […] on a des documents relatifs au Moyen-âge ».
La chaux est obtenue par la calcination de pierre calcaire à environ 900 °C. A l’origine, « on fabriquait la chaux dans des fours de peu de dimensions, construits, quelquefois temporairement, au milieu des landes, à proximité à la fois des sources de combustible et de pierre […]. Le combustible était l’ajonc, arbuste épineux croissant en abondance dans les landes : on le coupait tous les quatre ans et il était utilisé pour chauffer les fours de boulangers. Selon la grandeur du four, il en fallait de 20 000 à 40 000 fagots. Cinq à six hommes entretenaient un feu ardent [pendant] huit jours par temps pluvieux, cinq par temps sec. On tirait de chaque fournée 50 à 100 tonnes de chaux vive ».
A partir du XIXème siècle, l’ajonc est abandonné pour la houille, importée par le port de Regnéville, et les fours à chaux peuvent dorénavant chauffer en continu. C’est l’âge d’or : « En 1844 il y avait huit fours en activité : à la Chicane, au chemin de Grimouville et aux Gravelets. Avec les carrières, ils urnissaient du travail à 130 ouvriers, et par conséquent faisaient vivre environ un tiers de la population de la localité. ». La chaux produite était principalement destinée à l’amendement de la terre agricole et était acheminée depuis les ports de Regnéville et de Granville vers la Bretagne et les iles Anglo-normandes. Puis le chaulage des terres étant de moins en moins pratiqué, les fours ont été progressivement abandonnés, si bien qu’ « au début du XXe siècle, il n’en restait plus qu’un, qui s’éteignit en 1914, le jour de la mobilisation de son propriétaire. Aucun n’a été rallumé ».
Le four à chaux des Gravelets est visible à Montmartin-sur-mer sur la gauche de la D20 vers Coutances, au niveau du croisement entre la rue du docteur André Pigaux et la rue du Rocher. Aujourd’hui simple espace de balade, il pourrait retrouver vie en accueillant aux beaux jours des concerts et fêtes locales.
